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Le Nord : une mine d’or de bons vents!

Le vendredi 28 février 2014

Le Nord c’est grand, c’est froid et c’est venteux! Pas étonnant que cette région du Québec offre plus de 85 % du potentiel d’énergie éolienne de toute la province, de quoi écorner des troupeaux entiers. Et les gisements éoliens (oui, on dit « gisement éolien ») les plus intéressants se trouvent le long de la fosse du Labrador, là où il y a d’importants gisements de fer. À peu près partout dans le nord du Québec, l’éolienne se présente comme un complément énergétique intéressant pour les compagnies minières, et les communautés éloignées.

 

par Louise Bouchard

Le Nord : une mine d’or de bons vents!

Le Nord c’est grand, c’est froid et c’est venteux! Pas étonnant que cette région du Québec offre plus de 85 % du potentiel d’énergie éolienne de toute la province, de quoi écorner des troupeaux entiers. Et les gisements éoliens (oui, on dit « gisement éolien ») les plus intéressants se trouvent le long de la fosse du Labrador, là où il y a d’importants gisements de fer. À peu près partout dans le nord du Québec, l’éolienne se présente comme un complément énergétique intéressant pour les compagnies minières, et les communautés éloignées.

 

Plusieurs des entreprises actives dans le Nord ou qui prévoient l’être doivent produire elles-mêmes leur énergie en raison de leur éloignement des lignes de transport d’électricité du réseau. C’est aussi le cas de plusieurs communautés isolées du Nord, pour la plupart, autochtones. Or, dans ces réseaux autonomes de production d’énergie, l’électricité est générée dans des centrales alimentées au diesel. Un hydrocarbure au prix incertain, au transport coûteux et compliqué et polluant. Le directeur général du TechnoCentre éolien, Frédéric Côté, explique que l’ajout d’une composante éolienne a des effets économiques appréciables.

 

« Ce jumelage diesel-éolien est une bonne affaire pour les minières, car il contribue à diminuer la dépendance envers le diesel tout en ayant des exploitations plus vertes, ce qui permet de réduire le bilan carbone des multinationales ».

 

Même la température très froide joue en faveur de l’éolienne dans le Nord, explique Jean-Louis Chaumel, chercheur au Laboratoire de recherche en énergie éolienne (LREE) de l’Université du Québec à Rimouski.

 

« La plus grande densité de l’air froid occasionne une plus forte poussée sur les pales et conduit à des gains de rendement considérables par rapport à des régions plus chaudes comme le sud de l’Ontario ».

 

Il ajoute cependant que le froid comporte aussi son lot d’inconvénients, car il affecte les composantes mécaniques et hydrauliques de l’éolienne.  Difficile pour le moment de dire si ces gains surpassent les inconvénients liés au froid tellement l’industrie en milieu nordique est jeune. Les scientifiques et industriels s’y affairent de plus et en plus et le Québec est en voie de développer un savoir-faire unique en matière d’éolienne en climat nordique.

 

La mine Diavik : Des résultats concluants

 

Pour le moment, un seul site minier au Canada est pourvu d’installations éoliennes. Il s’agit de la mine de diamants Diavik, propriété de Rio Tinto et de Harry Winston Diamond. Elle est située au nord de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Après un an d’activité, l’entreprise se dit heureuse des résultats de ses quatre éoliennes installées au coût de 30 millions de $.

 

« Nous avons économisé près de 4 millions de litres de diesel au cours de l’année et notre système diesel-éolien a généré en moyenne un peu plus de 8 % de notre énergie totale », affirme le conseiller en communication chez Diavik, Doug Ashbury.

 

C’est un peu en deçà des objectifs de 5 millions de litres en moins annuellement, mais les deux premiers mois d’activité ont été marqués par des problèmes et des températures anormalement froides.

 

« Nous avons surmonté ces problèmes et surtout, nous avons développé l’expertise sur place pour faire face à toute sorte de situations problématiques », ajoute M. Ashbury.

 

À l’automne 2013, Rio Tinto a d’ailleurs remporté le prix de leadership collectif décerné par l’Association canadienne de l’énergie éolienne pour cette contribution à l’avancement de l’éolien.

 

« C’est concluant et c’est un bon point de départ », dit Frédéric Côté. « Mais une minière peut décider d’être plus agressive et d’avoir une pénétration de l’éolien encore plus élevée qui fournirait facilement jusqu’à 30 % de l’énergie ».

 

Un tel bilan attire inévitablement les regards.

 

« Les coûts en énergie des minières sont tellement élevés qu’il est certain que les entreprises regardent de près tout ce qui permet de les diminuer, et les projets éoliens en font partie », confirme le directeur des communications et des affaires publiques à l’Association minière du Québec, André Lavoie. Et à l’Association canadienne de l’éolienne, on confirme que plusieurs membres ont entamé des discussions pour élaborer des projets pour des entreprises minières.

 

Au Québec, un parc éolien sera installé au complexe de la mine Raglan (Glencore XStrata) au Nunavik et devrait être en service à l’automne 2014. L’entreprise espère réduire sa consommation de diesel de près de 50 % grâce à son système hybride. Il s’agit d’un projet pilote de système éolienne-diesel qui testera en plus les possibilités de stockage d’énergie. Cette possibilité est de moindre importance pour les minières qui consomment à peu près tout ce qu’elles produisent, mais elle est cruciale pour les communautés isolées du Nord.

 

Minières et éoliennes: Un jumelage naturel

 

Les minières offrent un milieu et un contexte de développement favorables à l’utilisation de l’éolien.

 

« Les problèmes liés à l’installation et l’entretien des éoliennes peuvent facilement être résolus grâce aux équipements et instruments de la minière et par les techniciens et les ingénieurs de l’entreprise », fait remarquer Jean-Louis Chaumel.

 

La présence de ces travailleurs et professionnels sert également à l’avancement des connaissances sur les éoliennes en milieu nordique, une situation gagnante pour les entreprises minières.

 

« L’option éolienne fait déjà partie du calcul des coûts des entreprises et cela va aller en s’accentuant à mesure que les problèmes liés à son entretien en milieu nordique vont être atténués », ajoute M. Chaumel.

 

L’installation d’éoliennes requiert un investissement considérable au départ, mais l’entretien et la restauration du site (si nécessaire) se font à peu de frais. De plus, selon Jean-Frédérick Legendre, directeur régional pour le Québec à l’Association canadienne de l’énergie éolienne, « les entreprises qui ne veulent pas investir dans une infrastructure énergétique à long terme seront tentées par des éoliennes qui ont une durée de vie d’une vingtaine d’années ».

 

Mais il faut bien examiner les caractéristiques du site minier avant d’installer des éoliennes.

 

« Vous avez des chercheurs de vents comme des chercheurs d’or qui se promènent dans les territoires et qui évaluent les endroits qui sont à la fois les plus venteux et les moins compliqués pour l’installation », illustre Jean-Louis Chaumel. Chaque site doit faire l’objet d’une étude technicoéconomique qui prend en compte les besoins en énergie, les fluctuations du prix des carburants, les régimes de vents, les volumes de production escomptés, le type d’exploitation.

 

 

De simples moulins à vent?

 

L’avenir des éoliennes dans le nord du Québec est loin d’être une utopie.

 

« Pour le moment, c’est la forme d’énergie la plus polyvalente et la moins risquée pour le Nord », dit Jean-Louis Chaumel.

 

Le coût de fabrication ne cesse de diminuer, les technologies s’améliorent et le Québec se positionne déjà comme leader mondial dans le domaine de l’éolien en climat nordique. Au point que selon Frédéric Côté du TechnoCentre éolien, cette expertise pourrait devenir un atout assez séduisant pour attirer des entreprises dans le Nord de la province.

 

Un accroissement de l’activité industrielle dans le nord signifie une augmentation des besoins énergétiques, déjà en croissance auprès des communautés qui y habitent. À plus long terme, selon Jean-Louis Chaumel, il faudrait développer un bouquet astucieux et intelligent de mélange d’énergies, une sorte de complémentarité entre l’éolien, les carburants fossiles, le réseau existant et même le solaire. « Les entreprises minières pourraient jouer un rôle important dans ce développement en réalisant des projets par et pour les minières et en développement un savoir-faire unique », conclut M. Chaumel. 

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