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En route vers l’inconnu

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Le mercredi 3 juillet 2013

Nous avons confié à Jacques Plante, un homme d’une curiosité et d’un flair exceptionnel, la tâche de vous parler de la vie des travailleurs en région éloignée, qu’il s’agisse de fly in-fly out,  de résidents temporaires ou permanents. Sa chronique vise à vous faire découvrir des particularités insoupçonnées de la vie au nord. À quelques jours de l’impression du magazine, Jacques a appris qu’il devait mener un combat contre le cancer. Connaissant sa combativité et son amour de la vie, nous savons qu’il luttera de toutes ses forces. Nous lui souhaitons, comme vous le ferez surement, de gagner ce combat, et de continuer à nous nourrir de ses récits. Voici la première chronique de Transit Nord.

En route vers l’inconnu

Par Jacques Plante

 

Le 1 décembre dernier, j'ai accepté un nouveau défi, celui d'aller travailler dans le Grand Nord québécois, où j'allais vivre mon « Plan Nord » comme chauffeur d'autobus pour les travailleurs. Moi qui ai surtout parcouru les routes d’Amérique du Nord au volant d’un camion-remorque, sur des routes pavées et en zones « civilisées », me voilà parti vers l’inconnu, loin de ma maison, mais aussi des sentiers connus.

 

Mais avant tout je dois prendre la route et m'y rendre, et de Saint-Hyacinthe à Fermont, c'est une jolie ballade de 1175 km, dont 545 km avec une limite de vitesse de 80 km/h sur la route 389. J’appréhende le long trajet, mais en même temps je suis anxieux de me retrouver dans ce milieu qui m'est complètement inconnu. Le trajet devrait me prendre une journée et demie, incluant mon arrêt pour la nuit à Manic 5.

 

Après avoir fait des centaines de kilomètres sur la route 389 je vois le paysage se transformer peu à peu, je sens que j'approche de la civilisation. La forêt est moins dense et le chemin de fer est soudainement à ma droite. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, je commence à apercevoir des bâtiments, je distingue aussi de l'activité, des véhicules qui montent et descendent le long d'une route. Puis j'arrive finalement tout près du site, celui des terrains de la minière ArcelorMittal, situés à 17 kilomètres de Fermont.

 

Quand on approche du site, on comprend ce que veut dire le mot « immensité ». Des bâtiments immenses, des dizaines de camions surdimensionnés qui dévalent les montagnes de rock, de grosses pelles mécaniques encore plus grosses que les camions déjà énormes, qui travaillent près du concasseur. De l'autre côté du site, on peut voir les ateliers d’entretien, où des grues sont nécessaires pour réparer l'équipement lourd. C'est tout simplement surréel. J’aperçois des hommes qui sont à changer un pneu de ce gigantesque camion 400 tonnes, et une grue avec un mât qui fait plus de 15 mètres de haut est utilisée pour manipuler le pneu. Moi qui ai pourtant passé ma vie dans l’industrie du camionnage, je reste bouche bée, je n'en reviens pas. Cette image incroyable, je l’avais pourtant vue à la télé, mais entre l’écran de 48 pouces et la vision de la réalité, il y a un monde! Et me voilà au beau milieu de cette scène… J'en suis énervé juste d'y penser, mais avant tout, je dois continuer ma route et me rendre à destination.

 

Les derniers kilomètres sont encore exceptionnels. La Place Daviault surnommée « Le Mur », cet immense bâtiment multifonctionnel long de 1,4 kilomètre et haut de 20 mètres est immanquable de la route qui nous mène à la ville. Cette structure incroyable, construite dans les débuts de Fermont pour loger 1500 personnes et les protéger des longs hivers subarctiques qui ici durent sept mois, a de quoi surprendre même ceux qui croient avoir tout vu. Le Mur de Fermont, conçu par des architectes québécois, est en forme de flèche et pointe vers le Nord-Nord-Ouest, face au vent. Tous les services et logements hébergés par le bâtiment sont reliés par des passerelles piétonnières à atmosphère contrôlée.

 

Je viens à peine d’arriver et déjà, je suis ébloui par la démesure de tout ici. Ébloui, mais aussi curieux de voir, entendre et comprendre la vie ici, dans le nord du Québec. Et si je me fie à ce premier contact, je n’ai pas fini d’être surpris.  À suivre…

 

 

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