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La situation du transport routier de marchandise à Montréal

Le mardi 29 novembre 2016

Montréal constitue une plaque tournante fort importante du transport des marchandises en Amérique du nord. Tous les intervenants impliqués dans l'industrie du transport de marchandise par route consultés pour ce dossier spécial (l'ACQ, l'ANCAI, l'ARPQ, CargoM, Mobilité Montréal, la Ville de Montréal) sont unanimes. 

La situation du transport routier de marchandise à Montréal

Un matin comme les autres, vers 10 heures, sur l'autoroute 25. Photo: Jean-François Lacerte


Par Jean-François Lacerte

jflacerte@comarmure.com


UN IMPORTANT VOLUME ANNUEL DE MARCHANDISE

Bon an, mal an, il transite un important volume de marchandise à Montréal, que ce soit par route, bateau, train ou avion. En quelques chiffres , issus d'une étude effectuée par les services de CargoM (la "grappe industrielle en transport de marchandise créée en 2012, laquelle réunit à une même table les principaux acteurs du transport et de la logistique autour d’objectifs communs pour soutenir la croissance de ce secteur clé de la Communauté métropolitaine de Montréal), on estime que:

 

  • 142M de tonnes de marchandises sont manipulées annuellement via Montréal;

  • Ces manutentions donnent du travail à 6 300 entreprises ayant pignon sur rue dans la grande région de Montréal  liées à l'industrie du transport et de la logistique:

  • Elles génèrent au moins 122 000 emplois sur l'ensemble de ce  territoire.

 

L'ATOUT PRINCIPAL DE MONTRÉAL: SON POSITIONNEMENT GEOGRAPHIQUE

Sans être directement située en bord de mer, comme ses principaux "concurrents" que sont New-York, Norfolk, Philadelphie ou encore Halifax, la position géographique de Montréal est très certainement son meilleur atout. Même si elle est située à 1 000 kilomètres à l'intérieur des terres, Montréal se trouve à proximité d'un énorme bassin de consommateurs et d'entreprises manufacturières.

 

LE DEUXIÈME ATOUT DE MONTRÉAL: LA DIVERSITÉ DE SES INFRASTRUCTURES LOGISTIQUES

L'ensemble des intervenants interviewés sont unanimes: Dans l'est de l'Amérique du nord, Montréal a développé cinq secteurs de transports et de logistiques qui travaillent de plus en plus de façon coordonnées. Cet objectif de coordination est en fait la raison d'être de CargoM, une "grappe industrielle" dont la mission est «de rassembler tous les acteurs de la logistique et du transport de marchandises du Grand Montréal, dont les activités favorisent la plaque tournante de Montréal, autour d’objectifs communs et d’actions concertées, en vue d’en accroître la cohésion, la compétitivité, la croissance et le rayonnement.» Son rôle principal est de regrouper autour d'une même table les principaux intervenants de tous les modes de transports de marchandise à Montréal et de les amener à travailler moins en silo et plus en collectivité avec des objectifs communs.

 

Mathieu Charbonneau, directeur de CargoM, explique pourquoi ce positionnement géographique privilégié combinée aux infrastructures logistiques diversifiées de la ville justifient le succès de Montréal comme plaque tournante du transport de marchandise en Amérique du nord. «Même si les bateaux transportant les marchandises du monde entier doivent naviguer environ deux jours de plus pour décharger ou charger leurs cargaisons à Montréal que s'ils opéraient à partir des grands ports directement situés sur l'Atlantique, le succès de Montréal s'explique par le fait que:

  • «Le port de Montréal a une infrastructure très efficace, dans la manutention des conteneurs de marchandise;

  • «Contrairement au port de New-York, par exemple, le port de Montréal est desservi de façon très efficace tant par les transports routier que ferroviaire, diminuant significativement une double manutention qui fait perdre plusieurs heures. En fait, dit-il, on récupère ici la presque totalité des deux jours de navigation supplémentaires;

  • «Naviguer jusqu'à Montréal diminue grandement les émissions de gaz à effet de serre (GES).»

 

LE PRINCIPAL PROBLÈME DE MONTRÉAL: UNE MAUVAISE FLUIDITÉ DANS LE TRANSPORT ROUTIER

Il existe un très large consensus sur le sujet et les récriminations sont nombreuses de la part des usagers de la route. Mise à part la Ville de Montréal qui ne retient aucun des points suivants comme étant des embûches à la fluidité des marchandises, les autres intervenants interviewés pointent plusieurs problèmes exaspérants et coûteux pour leur secteur.  Les situations qui sont pointés du doigt sont:

 

  • L'accumulation et la concentration des travaux de réfection qui poussent partout dans les artères et les rues de Montréal;

  • Le vieillissement et du réseau routier le rendant très désuet à plusieurs endroits;

  • L'absence de véritable coordination entre les différents chantiers;

  • L'absence de véritables voies de contournement autour de l'île de Montréal.

 

Tous les représentants des regroupements des entreprises ou des entrepreneurs indépendants du camionnage et de transporteurs routiers que nous avons interviewés estiment que ces nombreux points de friction qui ralentissent le transport terrestre à Montréal ont de nombreux coûts financiers pour les entreprises et des coûts sociaux importants pour Montréal.

 

LES COÛTS FINANCIERS ET SOCIAUX DES BOUCHONS DE CIRCULATION

Les camionneurs qui sont continuellement pris dans des embouteillages, maintenant autant de jour, de soir, même de nuit et les fins de semaines, génèrent des coûts financiers importants qui doivent être ensuite refacturés aux consommateurs. On parle essentiellement :

  • Des coûts de temps supplémentaire d'emploi;

  • Du temps d'usage supplémentaire du matériel roulant;

  • Des coûts d'énergie en sus qui découlent du kilométrage supplémentaire généré par les détours de trajets et des attentes dans les bouchons de circulation;

  • Des coûts de réparation supplémentaires dûs aux bris du matériel roulant qui découlent du mauvais état du réseau routier actuel.

 

Les coûts sociaux sont aussi importants. On note entre autres:

  • Une altération plus importante de la qualité de l'air;

  • Une augmentation des gaz à effets de serre;

  • Une augmentation du nombre de camions dans des secteurs résidentiels à cause des nombreux détours routiers;

  • Une augmentation du niveau d'épuisement professionnel parmi les chauffeurs routiers.

 

DES PROPOSITIONS DE SOLUTIONS

L'ensemble des intervenants se résignent à vivre ces sérieux problèmes qui entravent la fluidité du transport des marchandises. Tous soulignent l'espoir que cette situation soit temporaire et la plus courte possible. Face à la situation, les intervenants ont tous des idées de solutions. Résumons-les ainsi.

Marc Cadieux, directeur-général de l'Association du camionnage du Québec (ACQ), estime que la congestion du réseau routier montréalais s'améliorera de façon significative lorsque l'offre de transport collectif efficace et intégré sur l'ensemble du territoire du grand Montréal. Cette amélioration, déclare-t-il, passe autant par de meilleurs horaires et par des routes plus rapides et plus nombreuses, que par l'amélioration de la qualité du matériel roulant et des abribus plus propres, plus beaux et mieux conçus.

Marc Cadieux estime aussi qu'une signalisation routière plus avancée  (plus voyante, plus performante, plus interactive et nettement mieux synchronisée et adaptée en temps réel avec la circulation) est un élément fondamental pour améliorer de façon significative la fluidité du transport à Montréal.

Martin Boivin, président de l'Association des routiers professionnels du Québec, considère que la concertation qui s'est installée depuis quelques années entre les intervenants du secteur des transports et de la logistique montréalais est l'élément le plus important qui permettra à Montréal de rester compétitive pendant les années difficiles. Il estime aussi qu'il faut améliorer les voies de contournements autour de Montréal, ce qui, selon lui, passe impérativement par une amélioration de la rue Notre-Dame Est en la branchant rapidement à l'autoroute 20.

 Aref Salem, responsable du transport au comité exécutif de la Ville de Montréal, explique les trois points majeurs sur lesquels Montréal travaille pour améliorer la fluidité du transport routier à Montréal. Ce sont:

  • Sécurité des déplacements: L'objectif de diminuer drastiquement le nombre d'accidents mortels a été exprimé dans l'allocution du Maire pour sa Vision Zéro. Montréal veut repenser et revoir ses pratiques et assurer que les utilisateurs vulnérables puissent circuler de manière sécuritaire dans le réseau routier montréalais.

  • Développer l'intermodalité: Selon Montréal, cela contribuera au développement d’un système de transport qui soit à la fois performant et intégré (port, aéroport, routes, voies ferrées, etc.), et où l’intermodalité serait la clé. Pour Montréal, les installations portuaire, aéroportuaire, ferroviaire doivent être reliées entre elles par un réseau routier efficace Montréal, avec la collaboration du MTMDET, travaille activement à améliorer les accès routiers aux grandes infrastructures intermodales, notamment les terminaux portuaires à conteneurs de l’est de Montréal (l’Assomption, A-25) et de l’aéroport Montréal-Trudeau (échangeur Dorval).

  • Le stationnement: Pour Montréal, il s'agit d'une autre façon pour aider l’industrie et préserver la qualité des milieux de vie tout en améliorant la fluidité du transport lors des livraisons concerne le stationnement. Le stationnement est pour Montréal un des cinq piliers de la gestion de la mobilité en milieu urbain, avec les transports collectifs, les transports actifs, le transport routier et le transport des marchandises.

Mathieu Charbonneau, directeur général de CargoM, suggère que les voies réservées aux transports en commun pendant les heures de pointe deviennent ensuite des voies réservées au transport des marchandises. Il pense que malgré les efforts déjà déployés à cet égard par les transporteurs routiers et les contraintes que cela impose, il demeure important que ces entreprises multiplient les efforts afin de faire circuler les camions en dehors des heures "normales", comme les soirs et les nuits.

Mathieu Charbonneau souligne que son organisme et la ville de Montréal travaillent de concert dans le cadre de l'implantation de trois projets pilotes d'implantation de systèmes de transports intelligents (STI), tous trois dans l'est de Montréal autour du port de Montréal.

Enfin, RIchard Forest, représentant montréalais de l'Association nationale des camionneurs artisans pense que pour faire de l'autoroute métropolitaine (la 40) une vraie voie de contournement, il faudrait fermer plusieurs accès sur cette voie rapide afin de la rendre plus efficace pour soutenir l'industrie du camionnage. 

 

À lire, la suite de ce hors-série sur l’industrie du transport

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