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Avancée clinique majeure au Centre de recherche du CHUS, à Sherbrooke, Québec, Canada

Le mardi 17 février 2015

Une étude clinique démontre que le technétium produit par cyclotron est équivalent à celui produit par réacteur nucléaire

Avancée clinique majeure au Centre de recherche du CHUS, à Sherbrooke, Québec, Canada

Sur la photo: "Le Dr Éric Turcotte, chercheur au Centre de recherche du CHUS, Sherbrooke, Québec, Canada, a réalisé une étude clinique avec des patients atteints de troubles de la thyroïde qui prouve que le technétium produit par cyclotron est équivalent à celui produit par réacteur nucléaire. Une avancée pour le futur des isotopes médicaux. 

 

Des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CRCHUS) ont dévoilé aujourd'hui les résultats d'une étude clinique prouvant l'équivalence entre le technétium (99mTc) produit par cyclotron et celui produit par réacteur nucléaire. Cette avancée clinique majeure, découlant de plusieurs années de recherche, aura des effets importants pour la qualité et la sécurité des soins aux patients. Avec ces résultats, non seulement les équipes de recherche en imagerie médicale du CRCHUS se démarquent, mais elles démontrent que l'approvisionnement futur en isotopes médicaux pourra se faire au moyen d'une technologie verte qui a de l'avenir.

Cette annonce s'est faite en présence du ministre des Ressources naturelles du Canada, l'honorable Greg Rickford, et du député de Saint-François, monsieur Guy Hardy, qui agissait à titre de représentant du ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, monsieur Gaétan Barrette.

« Nous sommes fiers de présenter les premiers résultats de cette étude clinique réalisée auprès de personnes atteintes de troubles de la glande thyroïde, a affirmé le Dr Éric Turcotte, nucléiste au CHUS  et professeur-chercheur au CRCHUS et à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke. Nous avons eu l'approbation de Santé Canada pour cette étude en juillet 2014. Les images du premier patient ont été réalisées le 23 septembre 2014 pour un total, à ce jour, de onze patients injectés avec le 99mTc fabriqué par cyclotron dans le cadre d'examens diagnostiques prescrits. Je tiens à remercier tous les patients d'avoir consenti à participer à notre étude avec autant d'enthousiasme. »

Pour le Dr Turcotte, les résultats sont concluants. « Les images obtenues avec le 99mTc produit par notre cyclotron sont équivalentes à celles produites avec du 99mTc provenant d'un réacteur et elles nous ont permis d'effectuer un diagnostic précis.  Tel qu'attendu, aucun patient n'a eu d'effet secondaire. Nous voulons maintenant expérimenter ce99mTc pour effectuer des examens plus complexes en médecine nucléaire, notamment une évaluation de la contractilité myocardique et possiblement des études de ventilation pour les études d'embolie pulmonaire. »

La technologie verte de l'avenir
Le 99mTc est utilisé dans plus de 85 % des examens diagnostiques en médecine nucléaire, tel que l'imagerie cardiaque, les scintigraphies osseuses servant à détecter les cancers et plusieurs autres examens servant à mesurer le fonctionnement des divers organes. La demande mondiale en 99mTc est présentement estimée à environ 40 millions de doses par année, mais les scientifiques prévoient qu'elle augmentera de 15 % au cours des dix prochaines années compte tenu du vieillissement de la population. Il faut garantir l'approvisionnement futur en isotopes médicaux.

La production de 99mTc par cyclotron peut pallier les besoins. Elle ne produit pas de déchets nucléaires, ce qui en fait la technologie verte de l'avenir.  Elle est aussi peu coûteuse comparée à l'investissement que représenterait la construction d'un réacteur nucléaire.

« Il faut miser sur cette technologie, d'autant plus que les cinq principaux réacteurs nucléaires qui produisent près de 80 % des besoins en 99mTc dans le monde ont plus de 50 ans de service (voir information plus loin). Plusieurs arrivent à la fin de leur vie utile, a expliqué le Dr  William Fraser, directeur scientifique du CRCHUS. La fermeture prévue de certains d'entre eux prochainement créera un déséquilibre dans la chaîne d'approvisionnement. Il faut être prêt à répondre aux besoins croissants en examens diagnostiques pour les patients. »

Le ministre des Ressources naturelles du Canada, l'honorable Greg Rickford, se réjouit de cette réalisation importante.  « La percée annoncée aujourd'hui dans le monde de la production d'isotopes médicaux est une nouvelle remarquable. Je félicite le Centre de recherche du CHUS et l'Université de l'Alberta pour cette réussite impressionnante. L'investissement réalisé par notre gouvernement dans la recherche scientifique offre un approvisionnement quotidien fiable en isotopes médicaux, qui sont d'importance vitale, tout en soutenant des emplois de qualité au Québec et ailleurs au Canada. »

« Cette technologie permettra, à terme, une production d'isotopes à plus grande échelle pour fournir nos hôpitaux. Elle pourrait possiblement s'étendre à d'autres centres de recherche ou établissements universitaires qui disposent aussi d'un cyclotron, ce qui augmentera l'autonomie de notre réseau de santé en matière d'isotopes, au grand bénéfice de la population québécoise », a fait savoir le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, monsieur Gaétan Barrette, représenté lors de la conférence de presse par le député de Saint-François, monsieur Guy Hardy.

Vers la commercialisation du 99mTc au Québec 
Cette étude clinique représente une première étape critique franchie vers la commercialisation du 99mTc, a expliqué Brigitte Guérin, professeure-chercheuse au CRCHUS et à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke. « Nous avons démontré la faisabilité du processus et confirmé la bioéquivalence du99mTc produit par cyclotron de haute performance en comparaison de celui produit par réacteur nucléaire. Nos efforts sont actuellement concentrés sur la mise en place d'une production à plus grande échelle et d'une structure de distribution des isotopes vers les centres hospitaliers de la région et du Québec pour 2016. » 

Présent lors de cette annonce, le président du conseil d'administration du CHUS, M. Jacques Fortier, a salué l'expertise et le leadership des chercheurs du CRCHUS et de l'Université de Sherbrooke. « Aujourd'hui, nos chercheurs repoussent les limites de la science. Ils nous démontrent que les travaux de recherche fondamentale qui sont transposés dans la recherche clinique peuvent aboutir à des résultats concrets pour les patients. Grâce à cette avancée scientifique, le CHUS et le CRCHUS ont la longueur d'avance nécessaire pour demeurer compétitifs sur les plans national et international. À cet égard, le soutien des gouvernements du Québec et du Canada seront essentiels pour maintenir notre leadership dans ce domaine. »

Ce projet a été rendu possible grâce à Ressources naturelles Canada, qui y a investi au CRCHUS 2,9 M $ via le programme d'accélération des technologies d'isotopes (PATI).À cela s'ajoute une contribution de 600 000 $ du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS), de 400 000 $ de la Fondation du CHUS, et de 70 000 $ du consortium MITNEC (Medical Imaging Trial Network of Canada) financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Le projet PATI est fait au CRCHUS en collaboration avec une équipe de chercheurs de l'Université de l'Alberta, et la compagnie Advanced Cyclotron System Inc., fabricant des cyclotrons.

Rappelons que les chercheurs du CRCHUS disposent de deux cyclotrons destinés à la production d'isotopes médicaux, soit un TR-19 (19 mega-électrons volts ou MeV) et un TR-24 (24 MeV) de plus haute performance utilisé pour la production du 99mTc, représentant un parc d'équipement distinctif internationalement dans le domaine de l'imagerie médicale.

À propos des cinq réacteurs nucléaires

  • NRU, Chalk River (Ontario, 1957)
  • OSIRIS (France, 1966)
  • HFR de Petten (Pays-Bas, 1961)
  • BR2 (Belgique,  1961)
  • SAFARI (Afrique du Sud, 1965)

À propos du Centre de recherche du CHUS
Le Centre de recherche du CHUS (CRCHUS) se démarque par son approche qui intègre la recherche fondamentale, clinique, épidémiologique et évaluative. Quelque 220 chercheurs de haut niveau et leurs équipes s'investissent dans six axes de recherche qui répondent aux grandes préoccupations en santé : Cancer : biologie, pronostic et diagnostic | Diabète, obésité et complications cardiovasculaires | Imagerie médicale |Inflammation - Douleur | Mère-enfant | Santé : population, organisation, pratiques. Le CRCHUS assure un leadership scientifique et technologique de premier ordre aux plans national et international. Ses percées en recherche se traduisent invariablement en amélioration des soins et services à la population.

À propos du CHUS 
Quatrième plus grand hôpital au Québec, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) assume un triple rôle. Il est  l'hôpital de proximité pour la population de Sherbrooke, du Haut-Saint-François, du Val-Saint-François et de Coaticook. Il offre des soins spécialisés et surspécialisés à toute la région de l'Estrie. Enfin, il dessert le Centre-du-Québec et une partie de la Montérégie pour certains services surspécialisés, notamment en cardiologie, neurochirurgie, oncologie et néonatologie. Ses pointes d'excellence sont : la chimiothérapie cérébrale par ouverture transitoire de la barrière hémato-encéphalique, la neurochirurgie par scalpel gamma, la neurochirurgie assistée par IRM 3D avancée, le dépistage du cancer colorectal et la production de radioisotopes par cyclotron (au Centre de recherche). Au CHUS, environ 10 000 personnes se consacrent à la santé et au mieux-être de la population.

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