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Si les entreprises de Fintech québécoises ne pensent pas globalement, elles ne pensent pas

Le mardi 14 février 2017

La prémisse de notre propos est la suivante: «Si les entreprises de FinTech québécoises ont une jugeote stratégique, elles auront un énorme succès dès 2017. » Cette affirmation est basée sur trois facteurs essentiels:

Si les entreprises de Fintech québécoises ne pensent pas globalement, elles ne pensent pas

Par Drew Dorweiler, CPA•ABV, CBV, ASA, CBA, CVA, CFE, FRICS, Co-directeur, et Maranda Moses, CFE, Manager of Fraud Investigations, IJW Dorweiler Ltd.

Adaptation française: Jean-François Lacerte


Ce premier facteur s'appelle Justin Trudeau, notre premier ministre, mondialement reconnu pour présenter notre pays comme étant ouvert au commerce mondial. Le gouvernement Trudeau prévoit assouplir certaines règles afin de favoriser les investissements étrangers au Canada.  Rappelons, entre autres, le voyage effectué fin 2016 par le premier ministre, voyage au cours duquel il a régulièrement répété le message que le Canada est grand ouvert aux affaires.  Cela contrastait avec le gouvernement de Stephen Harper qui avait bloqué certains projets d'investissements (comme l'achat d'actifs de sociétés canadiennes) venant d'Asie. Le gouvernement actuel veut faire comprendre que le Canada est maintenant un pays offrant d'excellents retours sur investissement.

Deuxièmement, il y a une multitude d'entreprises internationales ayant de grandes liquidités nettes et de nombreuses sociétés d'investissements prêtes à travailler avec de nouveaux entrepreneurs de tous horizons, incluant les FinTechs. Pensons à de nombreux fonds souverains (Wealth Funds), des sociétés d'investissements privés (Private Equity Firms) et des institutions financières venant des quatre coins du monde (entre autres É.-U.,  Royaume-Uni, Allemagne et France, du Moyen-Orient et de l'Asie) qui sont prêts à investir dans les technologies canadiennes.

Le troisième facteur est politique. En ce moment, le commerce mondial impliquant les États-Unis d'Amérique est dans une phase trouble. Depuis janvier 2017, les relations commerciales Chine-USA sont au point mort suite aux déclarations publiques de la nouvelle administration américaine face au géant asiatique. Le Canada ne doit pas attendre que les deux plus grandes économies mondiales règlent leurs différends avant d'agir. Au contraire: Il s'agit d'une excellente occasion pour que les entreprises canadiennes se positionnent sur ces marchés. Nous pensons entre autres aux FinTechs québécoises qui pourront se positionner immédiatement sur les marchés asiatiques et de l'Asie-Pacifique et développer des liens bilatéraux dans cette région. 

Il est inutile de prendre position pour l'un ou pour l'autre dans cette guerre commerciale: il faut profiter de l'occasion pour se démarquer, en montrant que le Canada est un pays stable et fiable dans le cadre des échanges commerciaux Asie-Pacifique auxquels le Canada a adhéré. Les FinTechs québécoises doivent tirer avantage de la bonne réputation que le Canada est en train de mettre en place. 

En janvier dernier, nous avons assisté au 10e  Asian Financial Forum (AFF) à Hong Kong (nous faisions partie d'une délégation comptant plus de 60 délégués canadiens). Pendant deux jours, plus de 3000 experts financiers, entrepreneurs et représentants de nombreux pays y ont convergé afin d'écouter et d'échanger avec de nombreux experts mondiaux, de tisser des liens et de conclure des ententes commerciales.  Nous en avons profité pour participer au  FinTech O2O International FinTech Pitch Evening, un Cyberport  tenu également à Hong-Kong. 

Les FinTechs étaient sur toutes les lèvres des participants à l'AFF, où le Canada a une excellente réputation dans la communauté d'affaires de Hong-Kong, incluant le monde des FinTechs d'ici. Toute cette visibilité positive est largement favorable aux FinTechs canadiennes et elle permet aussi aux entreprises québécoises de ce secteur qui ont un grand besoin de cette visibilité internationale, là où ça compte, en toute honnêteté, les entreprises québécoises ne peuvent se permettre de manque le train. 

Tout le monde sait que l'économie québécoise a été très léthargique au cours de trop nombreuses années: Chômage élevé, croissance faible et une fuite de cerveaux qui, ensemble, ont miné l'économie et le dynamisme du Québec. De trop nombreuses entreprises ont quitté le Québec ou, pire encore, ont tout simplement fermé leurs portes, créant une situation anémique au niveau économique. De surcroît, il en résulte que le nombre d'entreprises de services a nettement baissé, réduisant le nombre de clients pour les entreprises comme les FinTechs. Pour connaître du succès, les entreprises québécoises en FinTech doivent développer une stratégie de développement hors-frontières vers les nouveaux marchés, profitant de l'ouverture du Canada envers les investissements vers et de l'étranger. Il faut se rappeler que les rapprochements entre le Canada et l'Asie se développent rapidement.

 

Le succès des FinTechs québécoises passe impérativement par trois éléments fondamentaux, soit:

 

  1. «Penser globalement» (Think Globally);
  2. Garder une longueur d'avance (Stay Ahead Of The Curve);
  3. Adopter une stratégie dynamique.

  

Penser globalement (Think Globally)

 

La devise de notre entreprise, IJW Dorweiler Ltd., est: «Si vous ne pensez pas globalement, vous ne pensez pas.» Nous n'insisterons jamais assez sur ce point: Les entreprises québécoises dans ce secteur doivent immédiatement regarder plus loin que leur territoire national (provincial et canadien), pas seulement pour attirer des capitaux, mais surtout pour établir de solides partenariats stratégiques. 

À titre d'exemple, lors du Cyberport de Hong-Kong, nous avons constaté une forte rivalité entre les entreprises issues de la Côte-Est et celles de la Côte-ouest des États-Unis. Ainsi, pendant que les entreprises de la Silicon Valley (Californie) demeurent les leaders de ce secteur en croissance,  surtout à cause de leur prédominance au niveau des développements technologiques, plusieurs entreprises de l'Est américain cherchent à créer de nouveaux produits pour les FinTechs, misant sur leur proximité avec Wall Street et les agences de régulations de Washington. Nous croyons que les entreprises du Québec peuvent travailler à créer des ponts afin de combler ces différences. 

Nous pensons que le Brexit et le résultat des élections aux États-Unis sont un autre point positif pour le développement international des FinTechs québécoises. Ces deux événements politiques créent, chez plusieurs leaders financiers internationaux, un besoin de développer de nouveaux objectifs en dehors des États-Unis et du Royaume-Uni. Le Canada vient immédiatement en tête de ces investisseurs qui veulent bénéficier des points soulevés plus haut. Ils veulent aussi pouvoir tirer profit de plusieurs avantages qu'offrent le Canada et le Québec, soit une main-d'oeuvre très qualifiée, sa multi-ethnicité, la facilité qu'offre le Canada (et le Québec) à accorder des visas de travail permettant l'intégration rapide de professionnels étrangers spécialisés en haute-technologie, l'accès facile à des subventions publiques, la présence de généreux crédits d'impôt aux entreprises technologiques voulant investir à Montréal et à Québec pour la recherche et le développement, etc. 

Sans l'ombre d'un doute, les entreprises québécoises dans le domaine des FinTechs doivent impérativement accroître leurs connaissances en matière de finances, d'économie et de politiques économiques de pays comme la Chine en particulier et de l'Asie en général. Ceci inclut une fine connaissance des politiques locales -et de leurs subtilités- pour chacun de ces pays, des lois de régulation en vigueur, ce qui facilitera grandement l'établissement de liens solides et permettra le développement d'opportunités d'affaires nouvelles. 

De plus, il faut se rappeler que  Hong Kong et Singapour regorgent d'opportunités pour les entreprises en FinTech à cause de leurs rapports de proximité avec la haute-finance mondiale qui foisonne d'opportunités. Hong Kong étant une importante porte d'entrée pour la Chine et Singapour le principal centre financier de la zone Asie-Pacifique, ces deux villes sont les meilleures portes d'opportunité pour les entreprises québécoises en FinTech.

  

Garder une longueur d'avance 

Les incessantes innovations technologiques ont beaucoup perturbé l'évolution de l'industrie des services financiers au point que cette dernière ne peut plus miser sur le statu quo. Nous pensons d'abord au paiement mobile, mais aussi aux RegTech et MortgageTech qui constituent les tout derniers produits qui se développent dans le domaine des FinTechs. N'oublions enfin pas la mise en place des transactions cryptées via la technologie appelée (en anglais) les Blockchain Technologies.

D'ailleurs, alors que le marché américain offrait traditionnellement de nombreuses opportunités aux entreprises en FinTech, le résultat de l'élection de novembre 2016 pourrait, assez rapidement, bouleverser la structure même de l'ensemble des régulations étatiques de ce pays. En conséquence, l'incertitude politique créée suite aux élections américaines génère actuellement un vacuum sur ces marchés.  C'est pourquoi plusieurs marchés financiers ont soit négligé, soit retardé considérablement leurs développements technologiques, ne sachant pas dans quelle direction les nouvelles normes iront. Une telle hésitation ne peut que bénéficier aux entreprises à prendre au bond ces nouvelles opportunités potentielles à venir. 

Réciproquement, en Asie, les marchés financiers font face à de la volatilité, particulièrement en Chine où des changements significatifs en matière de réformes et de libéralisation des marchés, mais aussi de restrictions nouvelles à venir, se suivent régulièrement.  La question est donc de savoir comment les firmes québécoises pourront tirer profit de cet environnement en constante évolution? 


Adopter une stratégie dynamique 

Comme l'enseigne  Moore’s Law, les conditions technologiques changent à une vitesse exponentielle. Les FinTech québécoises doivent constamment demeurer alertes à ces constants changements dans le monde de la technologie et de la finance.  Plus spécifiquement, les entrepreneurs québécois doivent être proactifs quand vient le temps de trouver des solutions nouvelles, car il est évident que la concurrence est aussi en état de recherche permanente de solutions proactives. Le premier a toutes les chances d'être le vainqueur. 

Heureusement, le marché québécois a tous les atouts pour créer un solide réseau de classe mondiale en matière de FinTech performante et d'innovations. Ces atouts sont cet «éco-système» très performant permettant la création d'entreprises technologiques en démarrage, une force de travail talentueuse, le coût abordable en matière d'immobilier, les subventions gouvernementales et les soutiens fiscaux très généreux entre autres en matière de recherche et développement technologiques et en crédits d'impôt de toutes sortes. 

Le seul aspect négatif qui colle au Québec est le manque de promotion et de soutien des FinTechs par le financement en provenance du secteur privé, ce qui ralentit, voire qui tue, plusieurs opportunités de commercialisation. Il faut trouver une solution durable à cette situation qui nuit au développement des FinTechs du Québec. Ces solutions, selon nous, passent par l'adoption d'une stratégie globale encore trop peu opérationnelle. 

En résumé, les leaders de l'industrie des FinTechs québécoises ne doivent pas seulement être innovateurs et dynamiques. Ils doivent aussi décider rapidement leur volonté d'inclure de nouvelles méthodes pour faire en sorte que leurs produits soient reconnus, principalement par la création et la gestion de réseaux de partenariats stratégiques internationaux solides avec des firmes comparables, principalement  aux États-Unis et en Asie. 

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